La Bière de Noël : entre histoire, marketing et épices

Par Nathalie Coursin

Ah il est enfin là ce mois de décembre qui amène avec lui le début officiel de l’hiver, mais aussi le temps réconfortant des Fêtes. Et si cette fois-ci, on en profitait pour découvrir et brasser une bière de Noël ?

Un zeste d’histoire…

Avant de partager la recette, remontons ensemble dans le temps et allons directement au 18e siècle, en France ou en Belgique. À cette époque, on brassait en fonction des saisons des récoltes, mais on était aussi dépendant des températures extérieures. La conservation des matières premières était un réel défi. Sachant cela, imaginez-vous en octobre au moment de la saison des récoltes à devoir faire place aux nouveaux grains dans votre lieu de stockage. Il vous reste toutefois des grains de l’année dernière mais n’aimez pas gaspiller… que faites-vous?

Vous faites un dernier brassin avec le reste de vos grains, ceux qui, au fil du temps, ont perdu leur saveur et leur caractère. Comme vous mettez une grande quantité de malt dans votre soupe, la bière devient plutôt alcoolisée, mais le goût laisse quelque peu à désirer. Afin d’éviter cela, il faut y ajouter des épices. Et vous voilà, en octobre en train de brasser une bière forte et épicée qui sera à point pour… le mois de décembre!

Et de là à appeler cette bière de saison “bière de Noël”, il n’y avait qu’un pas à franchir pour les brasseries contemporaines.

… Une pincée de marketing…

Même si l’on ne peut pas retracer avec certitude l’origine de l’appellation de “bière de Noël”, on peut tout de même constater une corrélation avec l’industrialisation de la bière et le marketing dans cette industrie. Il est très commun en France et en Belgique de voir une augmentation du volume de ventes de bières pendant l’été et une diminution pendant les mois les plus froids. Alors, comment faire pour casser cette courbe ? Il suffit de rendre cette bière d’octobre vendable et attrayante aux yeux des consommateurs en lui donnant un temps de consommation précis : le Temps des fêtes.

Et puis, il est vrai qu’elle reste idéale à consommer pendant cette période avec son taux d’alcool chaleureux, ses notes caramélisées et ses saveurs épicées. D’ailleurs, comme il ne s’agit pas d’un style à proprement parler, la bière de Noël laisse la possibilité aux brasseurs de s’exprimer et de laisser place à leurs envies et leur savoir-faire. En France ou en Belgique, chaque bière de Noël est différente et leur sortie devient un mini-événement pour les brasseries. Elles sont d’ailleurs même offertes à leurs employés!

Depuis quelques années, on observe cependant un changement d’appellation pour aller doucement vers les “bières d’hiver” ou Winter beer voire même Winter Warmer afin d’éviter qu’elles soient consommées uniquement durant les Fêtes, mais plutôt sur une plus longue période: La belle affaire !

… Et une tasse d’épices.

Mais où en sommes-nous au Québec, pays de l’hiver par excellence ?

Au vu du nombre de références disponibles à cette période, il semble que ce ne soit pas forcément les meilleurs vendeurs du moment. Certaines microbrasseries s’amusent tout de même à sortir un brassin annuel (avec un mélange d’épices en prime) pendant les Fêtes. En voici quelques exemples:

• Les Trois Mousquetaires – Réserve de Noël : une lager rouge brassée une fois par an avec un mélange spécial d’épices qui évoquera de beaux souvenirs du temps des Fêtes
• Trou du Diable – La Grivoise de Noël : une bière brune au parfum d’épices et de bonbons aux petits fruits
• Les Brasseurs du Temps – La Messe de Minuit : une quadruple à la belge épicée

À vous de brasser !

Si vous aussi vous avez quelques vieux grain en stock et quelques épices dans votre cuisine, pourquoi ne pas vous essayer à la fabrication d’une bière de Noël que vous pourrez déguster pendant nos longs mois d’hiver ?

On a déniché cette recette pour vous. Prenez-la comme cadeau de Noël !