Les grandes tendances bières de micro québécoises
7 novembre 2022
Écrit par: Paule Gosselin, chroniqueuse à la revue Bière et Plaisirs et auteure du blogue la Fleur du Malt.
L’engouement pour les bières de microbrasserie de qualité ne cesse de croître et nombreux sont les passionnés de brasseries artisanales au Québec. Au fait, quelles tendances sont les plus observées dans les marchés d’aujourd’hui et quelles en sont les raisons? C’est ce que cet éditorial tentera d’expliquer.
La mode de la Pale Ale
Dans un premier temps, plusieurs adeptes de microbrasserie se tournent vers des bières à faible teneur en alcool afin de privilégier l’expérience du houblon à celle de l’ivresse. Cela peut sembler tout simple, mais il fut un temps où les gens avaient tendance à boire des IPA américaines très fortes, amères et très alcoolisées. Cette tendance désormais révolue a fait place à une recherche plus pointue et plus spécialisée du houblon. Le connaisseur moyen recherche plutôt aujourd’hui une vivacité dans le profil aromatique des houblons, comme les agrumes dans le Citra ou les notes de raisin dans le Nelson Sauvin. La Pale Ale permet au dégustateur de percevoir la présence du houblon sans qu’il soit caché derrière un sucre résiduel omniprésent ou un taux d’alcool très élevé, justifiant ainsi l’intérêt pour la Pale Ale. Dans le même ordre d’idée, les brasseurs produisent également un grand nombre de nanoIPA, voire même des bières sous les 0,5% d’alcool, une tendance qui devrait s’accentuer dans les années à venir.
L’emploi des fruits indigènes dans le brassage
Une autre tendance qui se dessine et s’affirme en 2022 est l’utilisation de fruits indigènes en microbrasserie. Le la production locale et de proximité ainsi que la fraîcheur absolue du terroir sont exprimées et valorisées à travers le savoir-faire artisanal des brasseurs et des brasseuses. On peut penser à la chicoutai, le pimbina, la groseille, le cassis, l’amélanche, la baie d’argousier, la camerise ou les airelle en passant par la rhubarbe ou aux framboises, pourvu que ces ajouts fruités proviennent des environs de leur lieu de brassage. L’utilisation de ces jus, jusqu’alors méconnue, prend surtout son essor dans les microbrasseries lorsque couplée à la table gourmande. Il en découle une association profitable pour le consommateur qui découvre une variété de produits du terroir et ses papilles gustatives en seront assurément ravies. Dans les brassins du Québec, ces ingrédients indigènes se retrouvent notamment dans les bières acidulées, les goses, les blanches, les saisons et ainsi que certaines noires. Généralement, les brasseurs congèlent ces fruits ou baies indigènes à maturité lorsqu’ils sont à leur pleine saveur. Ce processus de congélation permet aux fruits de libérer toute leur humidité, toute leur eau, tout leur jus; et par conséquent, toutes ses saveurs!
La recherche de la bière parfaite, affinée en barrique
Enfin, l’amateur ou l’amatrice de bières de microbrasseries du Québec aime aussi chasser, se lancer à la recherche de produits rares, nichés. C’est en effet le phénomène observé particulièrement pour les Stouts. On constate le désir de découvrir, à travers l’expérience de boire une bière, la version la plus aboutie de la gamme. L’affinage en barrique d’une certaine partie d’un brassin attire le consommateur, tenté par l’expérience d’une bière différente, mûrie, anoblie par le passage en barrique. Il peut s’agir d’un passage en barrique boisée comme le chêne ou le bois d’érable, comme il peut s’agir d’un passage en barrique ayant contenu différents vins ou spiritueux. Parmi les affinages les plus courants, le vieillissement en fût de Chardonnay ou de Riesling, par exemple, ou bien en fût de bourbon, de rhum pour les alcools forts. Les versions finales de ces bières artisanales deviennent plus rondes, plus complexes; elles sont finalement plus riches, plus denses et offrent au consommateur une expérience gustative plus complète.
En dernier lieu
D’autres micro-tendances s’ajoutent à celles mentionnées précédemment : on voit de plus en plus de Grape ale, où le raisin est au centre de la création. On observe également davantage de bières qui fusionnent avec l’univers du cidre. De plus, l’emploi de houblons très aromatiques tend à supplanter l’utilisation du houblon comme agent amérisant. Chemin faisant, je continue de goûter à tout et vous reviendrai très bientôt avec d’autres observations sur le fascinant monde brassicole québécois! Dossier à suivre!